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Camille Renault et le bateau de pierre
Camille Renault et le bateau de pierre
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3 février 2007

Souvenir de Robert Laroque

Souvenirs de Camille par Robert Larroque

Une seule vérité veut que plus on a   de biens plus on est exposé aux indélicatesses et aux escroqueries. Il est probable en tout cas que Camille handicapé par son poids et plus tard amoindri par son coeur artificiel, ne put être assez mobile pour suivre de plus près ses affaires. De plus j’ai l’impression qu’il était moins intéressé par l’argent acquis que par les moyens qu’il mettait en oeuvre pour le gagner.

Camille Renault négrier ? C’est assez méchamment dit. Les artistes qui ont travaillé chez lui étaient libres de leur choix. Ils n’étaient pas ou étaient peu connus. Ils avaient avec lui des rapports d’amitié et recevaient la juste compensation de ce qu’ils produisaient. Dans l’ensemble, ils s’inspiraient des maîtres de l’école de Puteaux en particulier de Villon : travaillant dans le même creuset, chacun pouvait suivre le cheminement des autres sans renoncer pour autant à ses tons et à ses tendances propres. Encouragés et stimulés par Camille, ces peintres-là ont eu la chance de se faire un nom et une côte. Dans ces conditions privilégiées que bien d’autres envieraient. Cette collaboration en Société quasi phalanstérienne a eu d’autres bons côtés : elle a été marquée par des gueuletons et de mémorables beuveries comme seuls les artistes s’en offrent pour se défouler et rafraîchir - paraît-il leur inspiration.

Il m’est arrivé plus d’une fois de voir Camille évoluer dans la salle de son restaurant, le soir ; les fourneaux éteints et la cuisine délaissée. Il allait de table en table à la fois simple et majestueux saluant les uns et les autres, régnant sereinement sur le monde des convives repus quelque peu exaltés par la bonne chère et les vins de qualité. Le patron   entamait le second acte de sa fête. Il apparaissait parfois à son public vêtu de tablier et de la haute toque de sa profession ; il lui plaisiait de surprendre de cette façon.
D’autres fois, il arborait un large pull-over, tricoté par des mains affectueuses tellement vaste qu’il aurait pu contenir trois hommes de mon gabarit. J’en ai connu un rouge flamboyant, un vert cru et un bleu couleur de ses yeux, tous à côtes et à col roulé. Ce grand corps dans ces grands pulls, c’était une attraction fascinante.
à suivre)

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